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LA PETITE CHANOINESSE

L’inquiétude oppressait Élys, faisait trembler tout son espoir, toute sa joie… Tante Bathilde avait l’air de penser qu’on ne changerait pas les idées de la tante Antoinette… Pourtant, il n’était pas possible qu’elle refusât de marier sa petite nièce, de parti pris, sans même savoir ce que valait le prétendant…

La jeune fille dit, au bout d’un long moment de silence :

— Vous ne parlerez pas à ma tante de ce que je vous ai dit là, n’est-ce pas, tante Bathilde ? M. de Chancenay doit venir cet après-midi, et il ne faudrait pas qu’elle se fît invisible, pour ne pas le recevoir.

— Oui, je comprends… Et c’est bien ce qui arriverait…

Élys murmura, les lèvres tremblantes :

— Oh ! tante Bathilde, tante Bathilde, vous me faites peur !

Mme de Valromée eut un léger soupir, en glissant vers sa nièce un regard de tendresse compatissante.

Puis elle fit observer, après un court silence :

— Tu le connais à peine, ce jeune homme… et tu ne sais pas du tout ce qu’il vaut… Certainement, il est très bien, très agréable… mais ce n’est pas tout, dans la vie.