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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


Alors il m’a regardée avec ses pauvres yeux qui se voilaient, et il m’a dit : « Montluzac »… Il pensait à vous, probablement parce que vous avez été bon pour sa petite Rosey.

Les mots s’étouffèrent dans la gorge de Roselyne, et des larmes montèrent aux grands yeux désolés.

Depuis bien des années, Odon ne s’était senti ému comme aujourd’hui. Une compassion tendre, protectrice, le pénétrait, devant cette souffrance profonde, sans éclats, de l’enfant aimante isolée dans la vie. D’un geste doux de grand frère, il prit l’autre main de Roselyne et les réunit toutes deux dans les siennes.

— Ma chère petite cousine, la dernière pensée de M. de Capdeuilles sera pour moi une indication sacrée. Je vous demande de me considérer toujours comme votre parent très dévoué.

— Oh ! oui ! Je n’ai plus que vous et M. le curé… Car ma pauvre vieille amie… le lendemain de votre départ, on l’a trouvée morte.

Maintenant, de grosses larmes roulaient sur les joues pâlies. Elles glissaient sur le châle noir qui couvrait les épaules délicates, un peu courbées comme sous un fardeau trop pesant.

— Ma pauvre petite ! Tous les chagrins à la