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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


du vestibule, égrenait son chapelet. Le vieux Christophe, affalé sur une chaise, demeurait immobile, ses yeux ternes vaguement attachés au drap noir du cercueil. M. de Montluzac lui demanda :

— Où est Mlle Roselyne ?

Avant que le domestique eût pu répondre, un battant de porte s’ouvrit et Roselyne parut, toute vêtue de deuil. Ses mains se tendirent vers Odon, dans un geste de soulagement, et sa voix tremblante dit tout bas :

— Ah ! vous voilà !… vous voilà !

— Ma pauvre petite !… J’étais absent de Paris, je n’ai eu votre dépêche qu’hier, dans la journée. Je suis parti aussitôt…

Elle dit de la même voix basse :

— Je savais bien que vous ne m’aviez pas oubliée.

Elle le fit entrer dans le grand salon délabré, où l’on avait réuni les meilleurs meubles du logis. La jeune fille s’assit sur un petit canapé en bois dédoré, couvert d’une soierie usée, et Odon prit place près d’elle, sans quitter la main glacée qu’il enserrait tout entière dans la sienne.

— Vous avez vu ? C’est pour tout à l’heure.

Sa petite figure pâle, tirée, semblait écrasée sous le chapeau trop lourd, sous le poids du long