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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


camarade. Elle réussissait à rester dans le même ton, en refoulant tout au fond d’elle-même ce sentiment trop tenace qu’elle se reprochait à ses heures de réflexion — c’est-à-dire deux ou trois fois par an, car le temps lui manquait toujours parmi les cent occupations inutiles de sa journée.

— Alors, je vous souhaite très bon voyage, dit M. de Montluzac. Vous partez tous deux seuls ?

— Mais non ! C’est bon pour de jeunes amoureux, cela. Nous emmenons Mme de Sauroy, et Lorbier, le peintre… Mais, j’y pense, si vous veniez avec nous ? Vous aurez le plaisir de faire le voyage avec votre flirt préféré, la belle Pepita.

Un rire un peu nerveux s’échappa de ses lèvres.

Odon dit d’un ton d’ironie légère :

— Je la trouverai à Serrail. Mais enfin… oui, au fait, je puis très bien vous accompagner. Rien ne me presse, à deux jours près. Donnez-moi seulement l’heure du départ.

Quelques instants plus tard, il quittait le magasin. Et Marthe, en le regardant s’éloigner, songeait avec un serrement de cœur : « Je voudrais bien savoir s’il l’aime, cette Pepita… s’il l’aime comme elle l’aime. C’est pour cela que je l’ai invité. Pendant ce petit voyage, je les observerai mieux, je tâcherai de savoir ce qu’il cache