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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


Comme il finissait de donner l’adresse au fleuriste, une jeune femme entra. Elle dit avec surprise :

— Tiens, vous, Odon ? Je vous croyais à Serrail.

— Pas encore, je pars après-demain. Et vous, Marthe, comment vous trouvez-vous à Paris ?

— De passage seulement, mon cher. Mon mari vient me chercher demain avec sa nouvelle automobile, qu’il a essayée pendant un mois dans les montagnes d’Auvergne, et il m’emmène pour une randonnée de trois jours en Normandie. Il veut me faire goûter de cette machine dont il est ravi.

Un rire plissa son petit visage mobile, sans beauté, mais d’une grâce assez piquante. Amie d’enfance de M. de Montluzac, elle avait eu pour lui, étant toute jeune fille encore, un sentiment très tendre dont il ne voulut jamais s’apercevoir. Alors, à vingt-cinq ans, elle se décidait à épouser un Russe fort riche, le comte Borelsky, et s’efforçait de se consoler en menant avec fièvre la vie mondaine, en s’amusant aussi à ce périlleux exercice d’équilibriste qui consiste à vouloir rester honnête femme tout en prenant les allures, la tenue, les propos de celles qui ne le sont pas.

Odon, qu’elle rencontrait continuellement dans le monde, avait conservé à son égard ses façons de