Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


75
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


aimer la délicieuse petite ondine, l’enfant toute blanche dont le cœur virginal devait être si tendre, si fragile ! Le rustre ! En vérité, Odon se demandait ce qui le retenait de prendre cet individu par les épaules et de le mettre dehors !

Mais M. de Capdeuilles semblait l’écouter avec plaisir. M. de Veuillard représentait une des rares distractions de sa vie d’infirme, et il s’intéressait à ses histoires de chasse, à ses racontars de province, même à ses propos de hâbleur. De temps à autre, le jeune homme risquait une plaisanterie lourde, d’ailleurs convenable, car il se surveillait visiblement. Roselyne avait un sourire distrait. Sa vibrante gaieté se taisait, en présence de l’importun. Et comme Odon se tenait dans une réserve hautaine, le vicomte et M. de Veuillard faisaient surtout les frais de la conversation.

M. de Montluzac s’avisa bientôt qu’il était temps pour lui de quitter Capdeuilles. Il prit congé de son parent, très cordialement. Sa main toucha à peine celle de M. Veuillard, dont le regard jaloux l’enveloppait sournoisement. En se détournant pour dire adieu à Roselyne, il la vit près de la porte de la terrasse.

— Je vais vous accompagner jusqu’à la grille.

Ils sortirent ensemble. Les dernières clartés du soleil s’étendaient sur le jardin sauvage, sur les