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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


d’octobre les éclairait discrètement, un peu lointaine déjà, et tiède seulement ; elle couvrait les vieux troncs et s’étendait en nappe blonde sur l’herbe des allées. Roselyne s’arrêta sur la terrasse pour perdre un instant son regard dans cette clarté. Elle-même en était enveloppée, son jeune visage frémissait un peu, et ses lèvres s’entr’ouvraient, comme hier dans son sommeil, quand elle rêvait à l’inconnu mystérieux.

« À quoi songe cette petite fille ? » se demandait Odon en la considérant avec une curiosité bienveillante, et en admirant la délicatesse de ce profil, la blancheur du teint que le soleil dorait légèrement, et ces longs cils qu’il voyait presque immobiles en ce moment, sur les yeux songeurs.

Cette question, il la répéta tout haut. Roselyne se détourna, et son regard sourit.

— Je pensais que le monde doit être bien beau, puisqu’ici déjà nous trouvons tant de splendeurs.

— Vous aimeriez voyager, Roselyne ?

— Je crois que oui.

Elle rit gaiement, en ajoutant :

— C’est un goût que je ne pourrai jamais satisfaire, car il faut beaucoup d’argent pour cela. Mais on peut être heureux quand même en restant dans son petit coin, n’est-ce pas ?