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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


— Vous comprendrez cela assez tôt !

L’ombre des marronniers tout proches de la maison s’étendait dans la grande salle, qui restait toujours un peu obscure. D’une pièce voisine, transformée en fruitier, venait l’odeur sucrée des fruits d’automne qui mûrissaient. Un chat blanc se glissa jusqu’à Roselyne et se frotta à sa robe en faisant le gros dos. La jeune fille se pencha et le prit dans ses bras.

— Bonjour, vieux Minou… Aimez-vous les chats, Odon ?

— Je les déteste.

— Oh ! par exemple ! Pourquoi ?

— Parce qu’ils me représentent la sorte de créatures que je hais le plus au monde.

Elle ouvrit de grands yeux surpris, un peu scandalisés.

— Vous haïssez quelqu’un ?

Odon ne répondit pas. Il regardait la tête souple, élégante, qui s’étirait félinement dans les bras de Roselyne. Ses yeux s’assombrissaient, prenaient une expression si étrange que Roselyne dit en frissonnant un peu :

— Oh ! ne regardez pas comme cela ce pauvre Minou !

Il leva les yeux, et vit une physionomie inquiète, presque effrayée. Aussitôt, le sourire