Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


65
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


— Pauvre enfant !

Dans l’allée reparaissait la fine silhouette de Roselyne. La jeune fille tenait entre ses doigts la longue lige d’un dahlia à la lourde corolle gaufrée, d’un rouge foncé. Elle expliqua :

— C’est pour grand-père. Il aime cette fleur. Pas moi. Je la trouve poseuse et gourmée.

Odon demanda en riant :

— Les poseurs vous déplaisent, Roselyne ?

— Beaucoup.

— Vous en trouverez un certain nombre dans le monde.

— Je ne tiens pas à connaître le monde.

Le curé lui prit la main.

— Il le faut bien, ma petite enfant. Vous voulez travailler, être utile, vous occuper d’autrui. Pour cela, il faut sortir de votre solitude, vous mettre en contact avec la vie. Tout n’y est pas beau et noble, mais nous devons passer près du mal en l’évitant, et en regardant plus haut.

— Oh ! c’est facile, cela ! Et je ne comprends pas du tout comment il y a des gens qui peuvent être mauvais. C’est si simple d’être bon !

Le vieux prêtre la couvrit d’un regard attendri, qui l’empêcha de voir l’éclair de sarcasme traversant les yeux d’Odon. Le jeune homme dit avec une sorte de rire sourd :