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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


croûlante, mais dont le portail présentait des sculptures intéressantes. À l’intérieur, Roselyne fit remarquer à Odon les pierres tombales des sires de Capdeuilles, aux inscriptions devenues illisibles.

— Ici, dit-on, repose Renaud, qui épousa l’ondine.

— Pauvre homme ! Voilà une aïeule qui n’est pas à imiter, Roselyne.

Elle ne répliqua rien. Sa vivacité joyeuse avait fait place à un recueillement sans affectation, qui lui donnait tout à coup l’air d’une de ces petites saintes peintes sur les hauts vitraux aux teintes douces. Odon, d’ailleurs toujours respectueux lui-même des choses sacrées, bien qu’on ne sût au juste s’il était croyant ou non, lui fit à mi-voix un petit cours d’archéologie et répondit complaisamment à ses questions. Dans l’église déserte et fraîche, leurs voix chuchotaient, murmure discret troublant à peine le silence. La lumière, pâlie et colorée de mauve, de rose doux, de gris léger, au passage des vitraux, s’étendait sur les dalles, sur les vieux piliers trapus. La verrière de l’abside, plus ancienne, plus somptueuse, déversait sur l’autel et le chœur des flots de pourpre, de safran et d’azur, dans lesquels dansaient des atomes éblouissants.