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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


à autre, le saut d’une carpe soulevait l’eau tranquille. De longues herbes aquatiques tremblaient parmi les rides légères de l’eau verte et dorée, sur laquelle des nénuphars, roses et jaunes, étendaient leurs feuilles stagnantes et dressaient leurs corolles immobiles.

« Un délicieux petit coin », pensa Odon.

Il avança un peu. Les feuilles, rousses et jaune pâle, échappées aux branches d’où la sève s’évadait, voltigeaient autour de lui comme de lents papillons. Il en saisit une au passage, la pétrit d’un doigt souple et la rejeta, petite chose méconnaissable. L’herbe était couverte de ces mortes, et dans la fraîche douceur de l’air passait la senteur des mille petites existences végétales qui finissaient.

Odon s’arrêta tout à coup. À quelques pas de lui, une enfant était étendue, dans une pose modeste et charmante, la tête contre son bras nu replié et appuyé à un petit monticule herbeux. Son visage aux traits délicats, satiné comme la corolle d’une fleur, se rosait sous l’influence de quelque émotion mystérieuse, qui faisait aussi trembler et sourire les petites lèvres d’un dessin très pur, et palpiter les longs cils presque bruns. Toute sa personne semblait d’une finesse ravissante. Elle était vêtue d’une robe en simple toile