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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


maudit. Mais moi, je te méprise, et je ne souffrirai jamais par toi.

Il s’engagea dans une allée herbeuse, où l’ombre lui apparaissait abondamment semée de lumière. Ici, dans les bosquets, la cognée avait fait de nombreuses trouées. Presque au ras du sol, l’aubier sectionné, bruni maintenant, se dissimulait sous les ronces, comme cherchant à voiler sa mutilation. Un peu plus loin, il était tout frais encore, d’un blanc crémeux. Odon pensa : « C’est un crime d’abattre ces vieux arbres magnifiques. S’il faut de l’argent pour éviter cela, j’en donnerai. Je les lui achèterai même, pourvu qu’il les laisse sur pied. »

L’allée descendait sensiblement. En atteignant l’extrémité, Odon vit qu’elle aboutissait à un petit étang.

Après toutes ces eaux mortes dans leurs bassins ruinés, il éprouva une sensation de vif plaisir devant celle-ci, bien vivante, qui semblait frémir de joie sous la tiède caresse du soleil. Des arbres l’entouraient, laissant libre une petite berge, et leur ombre légère s’étendait sur une partie de l’étang, qui semblait d’un noir profond ; l’autre restait lumineuse, animée par des myriades de moustiques et de moucherons qui dansaient dans la clarté leur sarabande interminable. De temps