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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


désir de se transformer pour mériter l’amour de cette petite Roselyne qui avait réveillé en lui des sentiments élevés, des puissances affectives qu’il croyait mortes à jamais. Les défaillances de sa vie étaient le résultat de l’absence presque complète de direction morale, dans son éducation, et il y avait lieu de s’étonner qu’elles n’eussent pas été plus graves. Son scepticisme, déjà touché par les charmantes vertus de Roselyne, ne résisterait pas à l’influence constante d’une femme très aimée. Quant à ses habitudes d’existence trop mondaine, lui-même déclarait qu’il en était las, depuis longtemps, et qu’elles n’avaient été pour lui qu’un moyen de s’étourdir, tant que son cœur restait vide d’affection.

Par ailleurs, il semblait de nature énergique et droite, il était bon, généreux, capable d’une grande délicatesse, comme l’avait montré sa conduite à l’égard de sa jeune cousine. La chère petite aurait en lui le protecteur vigilant qui lui était si nécessaire, et son vieux curé pourrait mourir tranquille.

Maintenant, le prêtre longeait l’allée d’eau, dans laquelle se reflétait la lumière pâle de la nuit. Il pensait : « Que lui dit-il, pendant tout ce temps ? C’est un passionné, sous ses dehors un peu froids. Mais il a pour Roselyne un très délicat respect, et