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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


— Ma petite Rosey !

C’était la voix tendre d’autrefois, et le regard si chaud qu’elle avait désespéré de revoir.

— … Je viens du presbytère, j’ai vu votre vieux curé. Il m’a dit que ma petite fée souffrait. Et moi, justement, je venais lui apprendre que j’étais atrocement malheureux, loin de ma Rosey.

Elle le considérait avec des yeux agrandis par la stupéfaction. Sa main se mit à trembler dans celle qui la tenait si fortement, si doucement aussi. L’émotion trop violente lui serrait la gorge, jetait le désarroi dans sa pensée… Odon, là… Qu’est-ce qu’il voulait dire ?

Odon continuait, d’une voix qui devenait plus basse, plus ardente, toute frémissante de la tendresse passionnée qu’il contenait :

— Je lui ai appris que je vous aimais, Roselyne, que la vie sans vous m’apparaît trop dure, après la joie délicieuse que m’ont donnée votre présence, votre affection, la pure clarté de votre âme. Je veux vous garder toujours près de moi, toujours à moi. Voulez-vous devenir ma femme ?

— Votre femme !

Elle se mit à trembler tout à coup, des pieds à la tête, et elle s’écarta, en retirant sa main de celle du jeune homme. Ses yeux s’attachaient sur Odon avec une expression étrange, où se mélangeaient