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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


On allait le restaurer, le vieux château. Odon en ferait une merveille. Et puis, un jour, il y amènerait sa femme. La belle Pepita serait maîtresse en ces lieux où, jadis, avait vécu heureuse Roselyne, la petite ondine.

Elle appuya la main contre sa poitrine. N’allait-elle pas étouffer de souffrance ? Non, elle ne voulait plus penser à cela. Il lui semblait qu’elle haïssait cette femme, et c’était si mal, si mal !

Le long des allées herbeuses, entre les parterres aux contours indistincts et les miroirs d’eau morte où la lune se reflétait, elle avança lentement, petite ombre noire glissant dans cette clarté, sans bruit. Elle passa sous la voûte de l’allée, entre les bosquets éclairés par cette pâle lumière mystérieuse, d’un bleu argenté. Tout au bout, elle vit devant elle l’étang.

Elle s’approcha de la berge. Là, près de cette souche d’arbre, elle dormait, quand Odon était venu. En s’éveillant elle l’avait vu, debout devant elle, la considérant avec un regard un peu énigmatique. Puis aussitôt il avait souri, et elle avait aimé ses yeux.

Elle s’assit sur l’herbe, en s’appuyant à ce même petit monticule contre lequel sa tête se reposait, ce jour-là. Comme cette pauvre tête la faisait souffrir, ce soir ! Ses cheveux lui semblaient d’un