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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


château. Attila, enfermé dans le salon, gémit doucement. Mais la jeune fille ne voulait pas l’emmener, ce soir. Il lui semblait plus doux d’être seule, dans le grand silence de la nuit.

Tout à l’heure, elle venait de parcourir le château, la chère demeure où demeurait si vivant le souvenir de l’aïeul. Dans le salon, elle s’était assise près de la petite table ronde à dessus de marbre. Là, elle avait revécu les jours passés… Mais toujours, près du grand-père, elle revoyait une haute silhouette masculine, un beau visage aux yeux souriants qui caressaient, attiraient et retenaient à jamais. Où qu’elle allât, d’ailleurs, ce souvenir ne la quittait pas. Ici, dans cette allée, elle était passée avec lui, en revenant de l’étang. Tous deux avaient regardé le vieux logis mélancolique et ruiné…

Elle se détourna et jeta un coup d’œil sur le château. Dans la discrète clarté d’une lune voilée, il perdait son apparence vétuste ; seules apparaissaient ses belles lignes élégantes, la grâce harmonieuse de ses pilastres et de ses fenêtres cintrées. Les charmilles s’étendaient en masses sombres, dans cette nuit claire et tranquille. Un parfum d’herbe mouillée et de feuilles mortes glissait dans la fraîcheur de l’air, autour de Roselyne immobile, perdue dans sa contemplation.