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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


tournait tout autour d’elle, depuis son retour. En vérité, c’était un grand malheur pour elle d’être si jolie ! Elle avait appris à son vieux curé qu’on l’avait demandée en mariage, et qu’elle avait refusé. Il avait hoché la tête en disant :

— Il est vrai que vous êtes très jeune. Mais dans votre situation isolée, ma pauvre petite, vous avez besoin d’avoir le plus tôt possible un foyer, une protection.

Oui, la voir mariée, c’était là maintenant tout le désir du vieillard. La veille, en revenant de dire sa messe, il avait été pris d’une crise d’étouffement qui l’avait effrayé. Aussi, ce matin, s’était-il réjoui en recevant un mot du marquis de Montluzac qui l’informait de sa visite pour ce soir même, en le priant de n’en rien dire à Roselyne, et même d’éloigner la jeune fille, si possible, car il désirait avoir avec lui un entretien confidentiel. Il fallait que, de cet entretien, sortît un changement dans la situation de Roselyne, car il était impossible qu’elle continuât d’habiter sous le même toit que son cousin. Celui-ci l’avait d’ailleurs compris déjà, comme en témoignait sa conduite depuis quelques mois.

Ainsi songeait le vieux prêtre, tandis que le jour déclinait dans le jardin silencieux tout parfumé de l’odeur des poires mûres et des feuilles mou-