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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


Montluzac, et que vous savez bien qu’on se gênera, pour vous faire place.

Elle rit, en donnant sur la manche du jeune homme un léger coup d’éventail. Puis, baissant la voix, elle ajouta :

— Regardez donc Robert, et lord Holwill, et Sombreval. Ils n’ont d’yeux que pour votre cousine. Il est de fait qu’elle est adorable, cette petite ondine !

Odon n’avait pas attendu l’invitation pour diriger son regard vers l’angle du salon où se tenait assise Roselyne, parmi les autres ondines. Des hommes en habit, d’autres, costumés selon leur rôle, l’entouraient. La tête un peu levée, elle les écoutait, et répondait avec un sourire. Au moindre de ses mouvements, les nénuphars de diamants étincelaient dans les cheveux aux tons d’or ardent, et la robe tissée d’argent frissonnait sur son dessous de soie vert d’eau. Sous leurs grands cils un peu baissés, les yeux restaient dans l’ombre. En répondant à chacun de ses admirateurs, Roselyne semblait n’en regarder aucun particulièrement.

Elle avait toujours son air simple et gai, sa grâce naturelle, si ravissante. Et cependant, elle était autre… Odon, dans un éblouissement, pensa : « La petite fille n’existe plus. Elle est