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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


M. de Colrennes, était assez intime avec Odon. De sa place, Roselyne voyait le beau visage ambré de Pepita, ses lèvres si bien carminées, ses yeux noirs savamment allongés. Un immense chapeau d’un vert audacieux l’enveloppait d’ombre. Elle riait, en penchant la tête, et un étrange collier fait de pierres glauques reliées par des chaînettes d’or glissait à chacun de ses mouvements, sur l’épiderme mat et lisse de son cou.

Roselyne écoutait distraitement lord Holwill, qui lui racontait une partie de chasse dans l’Inde. Elle revoyait Mme de Sauroy, un jour, dans le salon de la duchesse, à l’heure du thé. C’était un après-midi d’avril. Odon entrait pour demander un renseignement à sa grand’mère. Il s’asseyait quelques instants et causait avec la baronne. Celle-ci avait ce même collier, qui glissait ainsi dans l’ouverture ronde du corsage que laissait voir la jaquette de fourrure rejetée en arrière. Ces pierres bizarres avaient attiré le regard de Roselyne. Puis bientôt, celle-ci n’avait plus vu que les yeux de Pepita, les yeux ardents qui s’attachaient à M. de Montluzac, qui lui souriaient et semblaient lui dire hardiment : « Vous seul, ici, existez pour moi. »

Roselyne se souvenait d’avoir éprouvé, alors, un indéfinissable malaise, prolongé encore après