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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


sienne. M. de Montluzac apprit qu’il s’était retiré dans son domaine périgourdin, et ne s’en occupa plus, trop pris lui-même dans l’engrenage mondain pour se soucier d’un parent appauvri, et relativement peu connu.

Étant données ces relations dénuées d’intimité entre son père et le châtelain de Capdeuilles, Odon trouvait assez justement singulière la requête du vieillard. Mais cette singularité même constituait un attrait pour son esprit blasé, et l’avait incité à ce voyage qui dérangeait cependant quelque peu ses projets — ce que son égoïsme se refusait d’accepter à l’ordinaire.

Laissant de côté le village entouré de châtaigniers, l’automobile, sur les indications d’un paysan, s’engagea sur une route bordée de chênes, qui desservait le château. Route abominable, d’ailleurs. Les ornières y abondaient et, si bien suspendue que fût la berline de voyage, Odon se trouvait terriblement secoué.

« Mais ce chemin est abandonné depuis des années ! » songea-t-il.

Le chauffeur stoppa enfin devant une grille rouillée, encastrée entre deux murs hauts et croulants sur lesquels s’acharnaient les feuillages parasites. Odon descendit et s’approcha. De chaque côté de la grille, et parallèlement au mur,