Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


184
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


« Je vais être très gênée avec lord Holwill, maintenant. C’est vrai qu’il était toujours là, dès que j’arrivais, et nous causions beaucoup ensemble. D’autres jeunes gens, et tous ces messieurs en général sont aussi très aimables. Certaines de ces dames également. Mais pas Mme de Sauroy, dont je vous ai parlé dans une de mes lettres. Peut-être devine-t-elle qu’elle me déplaît beaucoup. Elle est jolie, mais si coquette ! Figurez-vous que, parfois, je rougis pour elle ! Il me semble que j’aimerais mieux mourir plutôt que d’avoir ces allures, ces toilettes, ces regards. Elle vient assez souvent à l’heure du thé, chez Mme de Liffré. Celle-ci ne l’aime guère non plus. Mais elle connaît beaucoup Odon, et s’informe toujours si nous avons de ses nouvelles.

« Mon cousin voyage en Autriche, comme je vous l’ai déjà dit. Il écrit fort peu. C’est son habitude, assure Mme de Liffré. J’ai reçu un mot de lui, très bon toujours, et je lui ai répondu. »

Arrivée à ce point de sa lettre, Roselyne s’interrompit. Son menton s’appuya sur la main qui, tout à coup, frémissait un peu. Sous leurs cils baissés, les yeux tristes jetèrent un long regard distrait vers l’horizon d’un gris doux, vers la mer au souple balancement.