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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


lui plaire, ou lui être utile. Mais ce n’était plus l’amitié délicieuse des premiers mois, alors qu’il l’appelait « ma petite fée », « ma Rosey chérie », qu’il lui apportait des fleurs choisies par lui, et, sur un désir à peine exprimé, envoyait un mot d’excuse pour se débarrasser d’un dîner ou d’une soirée en ville, afin de faire de la musique avec Roselyne.

Elle souffrait profondément, en silence. Elle devenait moins expansive, et sa gaieté n’avait plus la même spontanéité enfantine. Personne ne s’en apercevait — sauf Odon. Et lui seul remarquait aussi la profondeur merveilleuse de ce regard, à certains moments, et l’ardente mélancolie qui s’y répandait aussi charmeuse que le sourire sur ce visage où se mêlaient la beauté de l’enfant d’hier et celle de la femme de demain.

Il avait hâte de partir. Si peu qu’il vît Roselyne, maintenant, c’était encore trop. Il sentait que cet amour l’envahissait, qu’il le prendrait bientôt tout entier. Et il comprenait aussi qu’elle l’aimait, pauvre petite. Mais il s’arrangerait pour qu’elle l’oubliât. À son âge, ce serait facile. Elle verrait d’autres hommes, plus jeunes, et parmi eux elle trouverait celui qui serait digne d’être aimé d’elle.

Mais quelle lutte il soutenait ! En ces derniers jours surtout, d’ardentes révoltes s’élevaient en