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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


Roselyne frappa joyeusement ses mains l’une contre l’autre.

— Oh ! que c’est gentil à vous, Odon ! Vous êtes trop bon !

Il rit de nouveau.

— Vous tenez à m’accorder ce brevet de bonté ? À votre aise, ma petite Rosey. Mais je vous assure qu’il n’est pas très mérité.

Le regard pensif et gai de Roselyne enveloppa le beau visage mat, aux traits virils, où les yeux répandaient leur splendeur caressante.

— Je pense au contraire que tout le monde doit vous aimer beaucoup, Odon.

— Vous vous trompez, ma chère enfant. Il y a des gens qui me détestent.

— Je ne sais pas comment ils font, ceux-là !

Il se mit à rire, et son regard brilla d’ironie tendre, tandis qu’il pensait : « Ah ! petite fille, petite fille, si l’on vous entendait ! Mais moi je sais bien que vous me dites cela dans toute votre innocence. Et c’est si délicieux, d’être aimé ainsi ! »

Un peu après, assis tous deux devant le clavier, Odon et Roselyne déchiffraient un morceau nouveau. Et l’esprit de M. de Montluzac était loin, bien loin de la loge de théâtre où Mme de Sauroy l’attendait, anxieuse, distraite, pensant à la froi-