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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


délaissée avec son enfant, ayant presque perdu la voix à la suite d’une maladie, elle descendait tous les échelons de la misère pour venir aboutir à un taudis de Montrouge. Ces détails, Odon les avait appris incidemment. Et dans sa haine inassouvie pour cette femme qui avait tué Bernard, il s’était réjoui, il lui avait souhaité plus de souffrance, et le désespoir, tel que l’avait connu Bernard lui-même.

Mais pouvait-il dire avec sincérité que ce sentiment-là le rendait heureux ? Elle était en tout cas bien âpre, cette joie de la vengeance, et loin d’apaiser la souffrance, elle l’entretenait.

Roselyne dit pensivement :

— Moi, je crois qu’on ne peut être heureux qu’en accomplissant tout son devoir, en se confiant en Dieu et en pardonnant beaucoup.

— Il y a des choses qui ne se pardonnent pas, Rosey.

Elle secoua la tête.

— Tout doit se pardonner, parce que nous-même, nous avons besoin de pardon.

— Vous ne pouvez discuter cela, enfant, car vous n’avez pas d’ennemis, vous n’avez pas vu un des vôtres, un être cher, souffrir par la faute d’autrui — et en mourir.

— C’est vrai. Mais je sens bien que jamais,