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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


La jeune voix souple, expressive, admirablement timbrée, s’éleva, se répandit à travers la grande pièce sonore. Odon l’écoutait avec ravissement. Quand elle se tut, il se détourna en s’écriant avec une gaieté enthousiaste :

— Petite fée, vous avez reçu tous les dons ! Votre voix est ce que j’ai entendu de plus délicieux !

Elle eut un rire joyeux.

— Tant mieux ! Je chanterai tous les jours, si vous le voulez, puisque vous aimez cela.

Debout, elle se penchait un peu, en s’appuyant au piano. Sa taille souple, délicate comme une tige légère, se ployait harmonieusement. L’or de ses cheveux, la blancheur palpitante du visage, la clarté profonde du regard répandaient comme une lumière chaude, autour d’elle. Odon la considéra un moment et dit pensivement :

— Vous changez un peu, Rosey.

— Je change ? Comment ?

— Vous avez grandi, et vous devenez moins frêle.

— Mais c’est ennuyeux ! Vous n’allez plus vouloir m’appeler votre petite Rosey.

— Oh ! si ! Vous êtes encore, malgré cela, une vraie petite fille, et vous le resterez longtemps.

Elle dit sérieusement :