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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


cette pièce. Tout le reste est magnifique, mais ici, je suis mieux.

En parlant, elle se penchait pour regarder la photographie posée sur le bureau. Les traits du jeune homme qu’elle voyait là présentaient quelque ressemblance avec ceux d’Odon. Mais on remarquait dans cette physionomie une nuance de mollesse qui était fort loin d’exister chez M. de Montluzac, et qu’accentuait la douceur rêveuse du regard.

Odon dit brièvement :

— C’est mon frère.

— Celui que vous avez perdu ? Grand-père m’en avait parlé.

Elle prit le cadre, pour voir la photographie de plus près. Derrière elle, M. de Montluzac attachait son regard sur le charmant visage de Bernard. Sa pensée se reportait aux jours d’enfance, d’adolescence, où tant d’affection les avait unis. Bernard avait un cœur ardent et faible, qui s’attachait avec exaltation, et qui avait soif d’être aimé, en retour. Un jour, dans une ville d’eaux, il rencontra Griselda Heldany, la belle cantatrice hongroise aux longs cheveux sombres, aux gestes félins, aux yeux lourds d’énigme. Il s’en éprit éperdument, il voulut l’épouser, en dépit des supplications de son frère. Plus fort, au moral comme