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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


de bagages au valet de pied qui attendait sur le quai. Puis il conduisit les deux femmes jusqu’à son automobile. Un peu ahurie, Roselyne se laissa installer dans la voiture tiède et fleurie. Son regard confiant ne quittait pas Odon. Après le déchirement du départ, après la tristesse de ce voyage avec une étrangère, attentive mais un peu froide, il lui semblait avoir tout à coup trouvé un port de refuge, dans la protection de son cousin.

À l’hôtel de Montluzac, elle fut aussitôt conduite par une femme de chambre à l’appartement qu’elle devait occuper avec Mme  Berfils, près de celui de Mme  de Liffré. Comme dans toute la superbe demeure, le luxe sobre s’unissait là aux raffinements de l’élégance et du confortable moderne. Roselyne en fut à la fois éblouie et effarée. En sortant de Capdeuilles et du presbytère, à peu près aussi dénués l’un que l’autre, il était vraiment permis d’être écrasée par cette magnificence. La jeune fille pensa avec un peu de crainte : « Qu’est-ce que je vais faire, ici ? C’est trop beau, tout cela. Je me sentirai toujours gênée. »

Odon lui avait dit : « Restez bien tranquille chez vous, à vous reposer, jusqu’au dîner. Alors, je vous présenterai à ma grand’mère. » Elle attendait ce moment avec quelque angoisse. Mais celle-ci s’évanouit aussitôt à la vue de l’aimable per-