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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


ses efforts pour être courageuse, et lui racontait les menus faits de son existence.

« Adèle me voit d’un mauvais œil, lui confiait-elle dans sa dernière lettre. Je fais cependant mon possible pour ne pas lui donner plus d’ouvrage. Mais elle a peur que son maître me garde avec lui. Mon pauvre bon curé ! Il est désolé de cette hostilité à mon égard, et il m’a dit hier : « Si vous aimiez mieux rester ici, ma petite fille, je la renverrais, tout simplement. » Je l’ai bien remercié, comme vous pouvez le penser. Mais je ne voudrais pour rien au monde qu’il se privât à cause de moi des services de cette femme qui connaît toutes ses habitudes et lui manquerait beaucoup plus qu’il ne l’imagine.

« Ainsi donc, je vois bien qu’il faut que je m’éloigne, de toutes façons. J’essaye de m’accoutumer à cette pensée. Heureusement, vous serez là. Vous ne pouvez vous figurer, Odon, comme cette perspective m’aide à être courageuse !

« Hier, j’ai été au château. Pauvre vieux logis, où tout me parle de mon grand-père chéri ! Dans un coin de sa chambre, j’ai retrouvé sa vieille calotte de drap, soutachée par moi. Et j’ai pleuré, longtemps…

« J’ai été m’asseoir au bord de l’étang, là où