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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


rencontra dans le hall Mme de Sauroy. Il lui baisa la main et s’entretint un moment avec elle, sans paraître remarquer les regards investigateurs dont elle l’enveloppait. La jeune femme le trouvait fort distrait, parfois. De plus, elle l’avait aperçu la veille lisant une lettre dans le parc, si attentivement qu’il n’avait pas entendu approcher la baronne. Et celle-ci avait remarqué l’expression charmée, presque émue de sa physionomie, pendant cette lecture. Il n’en fallait pas davantage pour inquiéter Pepita, déjà désespérée à l’idée de quelque capricieuse variation venant détourner d’elle l’attention fugitive de cet homme qui ne suivait que la fantaisie de l’heure et se disait incapable d’attachement.

Or, cette lettre était une de celles que Roselyne écrivait à son cousin, chaque semaine, et auxquelles il répondait régulièrement, sur un ton affectueux et délicatement fraternel qui eût fort étonné ceux qui ne connaissaient du marquis de Montluzac que son égoïsme hautement avoué, et sa froideur railleuse. Cette correspondance était comme un souffle d’air frais passant à travers sa vie mondaine, sur son âme dont il avait, volontairement, anesthésié les puissances affectives. Roselyne écrivait délicieusement. Elle disait à Odon, avec la plus charmante simplicité, son chagrin,