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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


devenir ce que sont tant d’autres, parmi lesquelles certaines étaient peut-être aussi pures, aussi sincères qu’elle, à son âge.

Le prêtre leva un regard plein de gravité émue sur le visage devenu tout à coup un peu sarcastique,

— Ne doutez jamais de Roselyne, monsieur. Je puis vous assurer qu’elle est de celles qui subissent tous les martyres, plutôt que de manquer au plus petit de leurs devoirs.

— Je ne demande qu’à vous croire, monsieur le curé. Mais il faut attendre que la vie ait un peu passé sur elle, pour que nous en jugions. J’ai le malheur d’être fort sceptique, un peu sur tout, mais très particulièrement au sujet des femmes.

— Mon pauvre enfant, vous en avez sans doute peu connu, de celles, nombreuses cependant, grâce à Dieu, qui sont l’honneur de leur sexe, la consolation et le bonheur de leur famille, des pauvres, de tous ceux qui souffrent ?

— Bien peu, en effet. Ma mère est morte très jeune, ma grand’mère a toujours été occupée de distractions mondaines, et de son salon littéraire. Mon frère et moi avons été élevés par un précepteur, homme charmant, d’esprit cultivé et peu sérieux, qui nous laissait une grande liberté, selon les instructions de mon père. Je puis dire sincère-