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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


à Montluzac ce soir, et demain je reviendrai voir ma cousine. Je joins mes remerciements aux siens, pour l’aide que vous lui avez donnée, alors qu’une circonstance bien imprévue m’empêchait de recevoir$ à temps sa dépêche.

Odon excellait dans l’art de prononcer des paroles correctes en les assaisonnant, par l’air et par le ton, d’un soupçon d’impertinence ou de sarcasme. Si peu subtile que fût l’intelligence de M. de Veuillard, celui-ci saisit la nuance d’ironie dédaigneuse. Mais toute riposte était impossible. Il s’éloigna, le cœur gonflé de rancune, tandis que les personnes présentes serraient la main de Roselyne.

— Maintenant, venez, dit Odon en passant sous son bras la main de la jeune fille.

Il l’emmena au presbytère. Presque derrière eux, le curé entra dans la grande salle aux armoires luisantes. Roselyne, à bout de forces, se laissait conduire par Odon au vieux fauteuil de reps bleu placé près de la fenêtre. M. de Montluzac releva son voile, et la pauvre petite figure apparut, blême, tendue, avec ses yeux d’angoisse et de fièvre.

— Ôtez ce chapeau trop lourd, Roselyne. Il vous écrase.

Comme les mains tremblantes ne pouvaient