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avait donné le nom de Sophie Tepnine, en déclarant aux sœurs et au recteur qu’elle ne savait ce que deviendrait plus tard cette petite, si inquiétante moralement, et qu’il valait mieux qu’elle s’habituât à porter le nom de sa mère, afin que ne risquât pas d’être éclaboussé celui de Dourzen.

Un jour, en sortant du catéchisme où le prêtre avait parlé du suicide, Laurette avait dit à Gwen :

— Tu as entendu ce qu’a expliqué M. le recteur ? Se tuer est un grand crime. Eh bien ! ta mère l’a commis, ce crime-là.

Gwen était devenue toute pâle, en jetant un grand cri de protestation :

— Ce n’est pas vrai !… Ce n’est pas vrai !

— Tu peux le demander à maman. Elle en parlait l’autre jour avec Mme de Claouet et elle disait : « Pour moi, le suicide de cette Varvara ne fait pas de doute. »

— Et moi, je suis sûre que ce n’est pas vrai ! avait de nouveau crié Gwen, rouge d’indignation.

Mais une profonde angoisse était demeurée en elle. Et un jour, elle avait posé au recteur cette question :

— Est-ce que maman s’est vraiment tuée, monsieur le recteur ?

— Non, je suis persuadé qu’il n’en est rien, mon enfant, avait-il répondu. On a trouvé, un matin, votre pauvre mère morte dans son lit, et l’autopsie a révélé qu’elle avait péri par le