Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ah ! ah ! elle a voulu se rendre compte de ce qu’était cette nouvelle publication ! Si elle croit que je ne m’aperçois pas quand mes revues ont été retirées de leur bande, puis remises ensuite ! Mais ça m’amuse, son manège, parce qu’elle ne comprend rien à tout ce qui est art, littérature… Et vous pouvez lui répéter ce que je vous dis là, enfant. Cela m’est égal.

— Pourquoi le lui répéterais-je ? dit Gwen, fronçant les sourcils d’un brun clair qui formaient un bel arc au-dessus des yeux.

— Mais parce que toute femme en général, — même une femme en herbe comme vous — s’empresse de redire ce qui est désagréable au prochain… Et ça ne vous amuserait pas d’être désagréable à Mme Dourzen, qui est si peu aimable pour vous ?

Un éclair passa dans les belles prunelles aux teintes changeantes.

— Oui, répondit nettement Gwen. Mais je n’ai pas l’habitude d’aller répéter ce qu’on me dit.

— Eh bien ! ne la prenez pas, en ce cas. Il y en a assez d’autres qui se chargent de mettre la zizanie partout.

De sa main maigre et nerveuse, Mlle Herminie rejeta en arrière une mèche de cheveux grisonnants. Son regard scrutateur s’attachait à la maigre fillette vêtue d’une vieille robe ayant appartenu à Rose Dourzen. Gwen avait maintenant dix ans. Ses cheveux blond-roux,