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rité, nous avons recueilli l’enfant, non sans hésitation, car sait-on quel héritage moral cette petite a pu recevoir de sa mère ?

— Ah ! oui, une petite fille qui s’appelle Gwen. Mon fils m’a raconté qu’un de ses chiens l’avait mordue.

— En effet ! M. Dougual a eu l’amabilité de m’envoyer ses excuses à ce sujet. Mais Sophie — nous l’appelons ainsi parce que ce nom plus simple, qui est d’ailleurs un de ses noms de baptême, convient mieux à une enfant destinée à un sort modeste — Sophie n’avait que ce qu’elle méritait, en allant se promener sans permission. Et elle a été sévèrement grondée et punie, au retour.

— Je vois qu’elle ne sera pas gâtée chez vous, dit M. de Penanscoët avec une nuance d’ironie dans l’accent.

— Oh ! non ! C’est une petite créature fort désagréable, sournoise et obstinée. Je crains que nous n’ayons plus tard des ennuis avec cette nature-là.

— Mais non, vous l’élèverez si bien qu’elle ne vous en donnera probablement pas… Son père était Armaël Dourzen, dites-vous ? Je me souviens de l’avoir rencontré autrefois, à Colombo, où son navire faisait escale. Il y a une dizaine d’années de cela.

— Il n’était pas marié, alors. On le disait de nature rêveuse et froide. Cependant, il s’est emballé pour cette Varvara Tepnine.