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men de ces salons décorés de tapisseries, de peintures et de boiseries dignes des palais de Louis XIV.

— Certes ! Quel dommage de ne pouvoir visiter cela tout à loisir, quand les propriétaires sont absents !… Il faudra, au moment où ils partiront, que j’en demande l’autorisation à M. de Penanscoët.

— Pensez-vous qu’il l’accordera ?

— Hum ! je ne sais trop !… Il doit avoir des idées arrêtées, cet homme-là… Et quel aplomb de montrer si ouvertement, devant tous, les sentiments que lui inspire cette coquette de Jeanne ! C’est bien agréable pour sa femme, en vérité !

— Elle y est sans doute habituée. La polygamie existe dans son pays. Quelle étrange figure, ne trouvez-vous pas ?

— Oui, très singulière… un peu une énigme. Après tout, comme vous le dites, elle ne souffre peut-être pas de ce qui serait si pénible pour nous autres. Mais je me figure que ce Penanscoët doit être dur, inflexible dans ses idées… Mon neveu Maurice, qui a pas mal entendu parler de lui, dit qu’il passe pour traiter avec la plus rude désinvolture les femmes dont il se fait aimer.

En baissant la voix, la vieille dame ajouta :

— Il est à craindre que ce soit quelque terrible nature, comme il y en a eu parmi ses ancêtres. S’il faut en croire la tradition, l’un d’eux, Armaël, se remaria quatre fois, et cha-