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de leur pays. Mme  de Penanscoët, en face de son mari, semblait une belle statue. De temps à autre, elle adressait quelques mots à ses voisins, puis elle revenait à son silence et à son impassibilité.

Dougual ni Appadjy n’assistèrent à ce dîner. Ils faisaient en yacht une longue excursion et ne devaient rentrer que le surlendemain.

Le comte s’entretenait avec ses hôtes en homme du monde accompli. Il existait chez lui un singulier mélange d’amabilité et de hauteur, de froide réserve et d’attrait séducteur. De Londres et de Paris, où il avait séjourné pendant quelque temps avant de venir à Kermazenc, était venu jusqu’ici son renom d’invincible conquérant des cœurs féminins. On racontait aussi que, dans le zénana[1] de son palais, à Bornéo, étaient enfermées différentes beautés exotiques, et qu’il ne se cachait point de suivre les coutumes des peuples d’Orient parmi lesquels il avait presque constamment vécu. Puis on chuchotait, depuis quelques jours, qu’il avait distingué la baronne de Toudry et lui faisait ouvertement la cour.

En tout cas, ce soir, le fait n’était pas niable. Mme  de Toudry se trouvait placée à droite du châtelain, honneur que rien ne justifiait, car il y avait là d’autres femmes plus âgées, ou d’une situation sociale plus considérable. Mais

  1. Appartement des femmes.