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ses hôtes. C’était une grande et mince femme, dont les épaules, très belles, ressortaient d’une blancheur parfaite près du satin noir qui moulait une taille élégante. Sur cette robe, aucun ornement autre qu’un merveilleux collier à double rang, retombant plus bas que la taille, et fait de grosses perles séparées par d’éblouissants rubis. Rien dans les noirs cheveux satinés qui encadraient en lourds bandeaux un étroit visage blanc mat aux lèvres d’un rouge sanglant, aux profonds yeux noirs demi-cachés sous les paupières peintes bordées de cils sombres.

— Nouhourmal, voici nos voisins de Coatbez, dit M.  de Penanscoët.

Elle prononça quelques phrases de bienvenue, d’une voix lente et harmonieuse. À peine entrouvrait-elle un peu plus les paupières. D’un geste gracieux, elle invita les nouveaux venus à prendre place parmi ceux qui l’entouraient Puis elle reprit son attitude presque hiératique, tandis que Le comte s’entretenait avec ses hôtes.

Le dîner fut servi dans la grande salle à manger, entièrement boisée de chêne sculpté. D’anciens lustres hollandais répandaient sur les convives une lueur adoucie. De magnifiques pièces d’orfèvrerie, acquises par les Penanscoët d’autrefois, décoraient la table fleurie d’œillets jaunes et roses, les plus beaux qui se pussent voir. Les serviteurs malais et chinois circulaient sans bruit, vêtus à la mode