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de Dourzen ! Car sait-on ce qu’on va découvrir, en fouillant dans son existence ?

— Ne te tourmente pas à l’avance, chère amie !

— Oui, oui, c’est bon à dire ! Mais je pense à mes enfants, moi !… à mes enfants qui portent ce nom de Dourzen que ton cousin Armaël a donné à une cabotine, sortie d’on ne sait quels bas-fonds…

— Mais Blanche, c’est une Russe de bonne famille, obligée de fuir…

— Y as-tu été voir ? Admettons même qu’elle soit bien née, savons-nous où elle a pu rouler ? Non, mon cher, la plus grande prudence s’impose, dans la circonstance. Aussi vais-je tenir à l’œil sa fille, pour qu’elle ne risque pas de contaminer moralement nos enfants.

— Si jeune, il y a peu à craindre…

— Tu n’y connais rien. Elle a un regard que je n’aime pas du tout.

— C’est qu’elle est inquiète, effrayée… Mais ses yeux sont très beaux, as-tu vu ?

Blanche leva les épaules.

— Ils n’ont rien de remarquable… Voilà ce qu’on appelle de beaux yeux…

Mme Dourzen se tournait vers une porte, au seuil de laquelle paraissait une fillette blonde, vêtue d’une robe blanche brodée.

— Viens, ma Rose.

L’enfant s’avança et vint s’asseoir sur les genoux maternels. Elle avait un assez joli visage,