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Il quittait le bras de son père et venait prendre la main que lui tendait Appadjy.

— Le sang des ancêtres parle en toi. Jouis de ton séjour ici, enfant, car nous ne savons quand nous pourrons le renouveler.

— Pourquoi cela ?

— L’année prochaine, nous pouvons être à l’autre bout de la terre.

— L’autre bout de la terre, c’est peu de chose, maintenant.

L’Hindou eut une sorte de sourire, en regardant la jeune physionomie éclairée par les yeux magnifiques, à la fois ardents et rêveurs.

— Évidemment, c’est beaucoup moins qu’autrefois. Mais si nous sommes à Bornéo, par exemple.

— Eh bien ! mon père m’amènera quand même ici.

Le regard du comte — un regard d’orgueilleuse adoration — enveloppa l’adolescent…

— Si tu y tiens, oui, mon enfant… Que vas-tu faire, maintenant ?

— Dire qu’on selle mon cheval. M’accompagnes-tu, Appadjy ?… Et toi, père ?

L’Hindou acquiesça. Mais le comte répondit qu’il avait un courrier à dépouiller. Tous trois disparurent dans l’intérieur du logis.

Alors, de derrière un des ifs taillés qui garnissaient le parterre, surgit un garçonnet d’une dizaine d’années. Il était vêtu de lainage blanc, avec les pieds nus dans des sandales. Ses traits, ses yeux bleus, son teint brun clair, rappelaient