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L’ORPHELINE DE TI-CARREC

Sa voix prenait une intonation brève qu’elle n’avait pas quand il s’adressait à Gwen.

— … Je suis d’ailleurs entièrement libre. Et que peut-il importer à mon père de me voir vous donner le titre d’épouse unique ? Non, il n’y a aucune difficulté à attendre de ce côté, je vous l’affirme.

— Eh bien ! alors, je… j’accepte…

Une dernière hésitation faisait trembler la voix de Gwen.

— Vous ne le regretterez pas, je vous le promets.

Dougual prenait la main frémissante et la baisait longuement. Puis il emmena Gwen vers le kiosque de marbre et la fit asseoir près de lui, sur les sièges brochés d’or. Ils avaient sous les yeux, à l’horizon, les sombres forêts et les cimes des hauteurs volcaniques, puis, plus bas, la perspective des merveilleux jardins traversés par une eau bruissante formant d’écumeuses cascades et des lacs aux reflets d’or et d’azur.

— Nous demeurerons ici quelque temps encore, dit Dougual. Puis, nous irons passer quelques mois en Europe, et particulièrement à Paris, que vous ne connaissez pas.

— À Paris ? répéta Gwen d’un ton de surprise. Mais si les Dourzen l’apprennent, ne pourront-ils rien contre nous ?

Dougual eut un geste de dédaigneuse insouciance.