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L’ORPHELINE DE TI-CARREC

taient le nombre des esclaves, chinois, malais et autres, affectés au service du palais.

— Quoi ! Vous avez encore des esclaves ? dit Gwen.

— Certainement. Tous les serviteurs qui nous entourent le sont, soit de leur plein gré, soit autrement.

— De leur plein gré ?

— Mais oui. Car ils considèrent comme une faveur inappréciable de nous appartenir, d’être notre chose, que nous châtions, que nous faisons mourir selon notre bon plaisir.

— Vous les faites mourir ? s’exclama Gwen en s’arrêtant brusquement.

Il sourit, en posant sa main sur l’épaule de la jeune fille.

— Quand ils le méritent, oui. Ne vous émouvez pas ainsi, Gwen. Je ne suis pas un maître cruel ; mais une certaine dureté est nécessaire à l’homme qui règne, qui domine. Mon père et moi sommes très redoutés et obéis aveuglément, parce qu’on nous sait implacables. Et ces mêmes êtres qui nous craignent tant nous sont indéfectiblement attachés, font de nous l’objet d’un culte fervent.

Dougual se tut un moment. Il regardait le délicat visage qui frémissait, les yeux que voilaient à demi les paupières aux soyeux cils dorés. Puis il dit, de cette voix aux intonations à la fois impérieuses et douces qui avait déjà charmé les oreilles de Gwen, dans le parc de Kermazenc :