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L’ORPHELINE DE TI-CARREC

naissait plus vif, plus impérieux, depuis qu’elle l’avait revu et qu’il s’était montré à elle sous un jour nouveau, fort énigmatique, à vrai dire, mais ceci ne déplaisait pas à une nature imaginative, curieuse d’aventure et de mystère, à la fois candide et romanesque. Ainsi, en ce moment où elle allait vers lui, un émoi profond la pénétrait, qui n’était pas dû seulement à l’angoisse de cette décision qu’il lui fallait prendre, laquelle engagerait toute sa vie.

Enfin, l’ambiance d’exotisme, de magnificence orientale, le prestige de ce jeune souverain demi-asiatique, l’idée confuse d’une revanche à exercer sur ceux dont elle avait été la victime, tendaient à réduire les dernières hésitations de cette jeune âme que ses goûts, ses instincts inclinaient vers les désirs de vie large, élégante, et qui n’avait qu’un mot à dire pour les voir satisfaits au-delà de ses rêves, pour voir se réaliser en sa faveur un vrai conte de fées.

— Voilà Sa Hautesse, murmura Hamadévi.

Gwen tressaillit et s’arrêta à quelques pas d’une colonnade de marbre blanc sous laquelle Dougual, cette fois dans son costume de rajah, allait et venait d’un pas nonchalant. À la vue de la jeune fille, il s’avança, tandis que la Javanaise, après un profond salut, s’éloignait rapidement.

— Avez-vous passé des moments plus tranquilles depuis notre entrevue, Gwen ?

La voix du jeune rajah avait des intonations