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de Pavala pour lui succéder. Mais son existence restait mystérieuse et s’enveloppait de légende, ce qui expliquait le vif intérêt, la curiosité intense de tout le pays à la nouvelle que cet étrange personnage venait cette année passer l’été en son château de Kermazenc.

Il était accompagné de sa femme, de son fils et d’un Hindou appelé Appadjy, avec lequel il semblait en grande amitié. Sa domesticité, fort nombreuse, était un bizarre mélange de Malais, de Chinois, de Javanais, auxquels commandaient quelques Hindous. Tout ce monde obéissait au geste et semblait tremblant de crainte.

Au lendemain de son arrivée, le comte quitta le château vers dix heures du matin, par la terrasse longeant le bâtiment élevé au XVIIe siècle, qui contenait les principaux appartements. Il passa dans le parterre où fleurissaient les roses et tombaient les gerbes liquides des fontaines de marbre. La journée s’annonçait grise. Quand M. de Penanscoët fut entré dans le parc, il se vit enveloppé d’une pénombre verdâtre où flottait le parfum légèrement capiteux des fleurs des îles lointaines, écloses en ce doux climat. Les arbres formaient un dôme épais, à divers étages, au-dessus du promeneur. L’eau, répandue en abondance par les canaux, apparaissait à tout instant, formant un bassin entouré de granit verdi, tombant en cascatelles sur des roches, entourant une île minuscule où, dans l’entre-