Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce fut vers lui que le Chinois conduisit Gwen. Il ouvrit la porte de bronze, traversa, suivi de la prisonnière, un vestibule aux colonnes d’onyx, une salle dont les murs de marbre étaient incrustés de lapis-Iazuli, d’agates, de sardoines, puis, soulevant une portière de soie jaune brodée d’oiseaux fantastiques, il fit signe à la jeune fille d’entrer.

Elle se vit au seuil d’une pièce dont les parois étaient couvertes de laque rouge sur la quelle volaient, parmi d’étranges fleurs, des chimères et des dragons. Ceux-ci, encore, ornaient l’admirable tapis à fond jaune sous lequel disparaissait presque complètement le sol de marbre. Ils formaient les bras des fauteuils d’ébène incrustés d’argent et de nacre, et se retrouvaient aussi dans certains des objets — bronzes, porcelaines, laques, soieries, toutes merveilles de l’ancien art chinois — qui formaient la décoration de cette pièce.

Mais Gwen ne vit d’abord rien de cela. Près d’une baie ouvrant sur le jardin de rêve se tenait une silhouette masculine, haute et svelte vêtue à l’européenne. Avant même que le visage se fût tourné vers elle, Gwen avait reconnu Dougual de Penanscoët.

— Eh bien ! ma charmante cousine, — car nous sommes un peu cousins, paraît-il ? — que dites-vous de cette aventure ?

Si Gwen avait eu besoin d’être excitée dans son indignation, la nonchalante ironie de