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encore une certaine torpeur, mais retrouvait assez d’énergie physique et morale pour chercher à la secouer.

Quand elle fut debout, elle s’avança jusqu’au seuil. L’étrangère s’écarta pour la laisser passer. C’était une femme de petite taille, plus très jeune, dont le type malais était prononcé. Une robe multicolore l’habillait, des perles aux vives nuances ornaient son cou et s’enchâssaient dans les peignes qui retenaient ses plats cheveux noirs.

Gwen vit alors que, le long du corps de logis où elle se trouvait, s’étendait une galerie aux arcades de marbre blanc délicatement sculptées, que soutenaient des colonnes de porphyre. Cette galerie, à droite et à gauche, formait retour, comme le bâtiment lui-même. D’autres ouvertures semblables à celle où se trouvait Gwen donnaient sur elle. Entre ces ailes, et au-delà, c’était le merveilleux épanouissement d’un jardin tropical, sous le ciel d’un bleu jusqu’alors inconnu de la jeune Bretonne.

À l’abri des arcades circulaient quelques silhouettes féminines en costumes asiatiques. L’une d’elles s’avança, vint à Gwen. Petite et maigre, fortement bronzée, elle paraissait âgée d’une quarantaine d’années et portait un assez riche costume javanais. Ses traits avaient encore de la finesse. Le regard des yeux noirs était vif, pénétrant, un peu dur. En bon français, elle dit à Gwen :