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Penanscoët ! On voyait fort bien, d’ailleurs, à son air, à ses manières, qu’il se croyait tout permis.

Mais elle… elle, n’était-elle pas coupable aussi de s’être introduite clandestinement dans le parc de Kermazenc ?

Certes, elle avait une circonstance atténuante dans le fait que Mlle  Herminie lui avait donné l’idée de cette équipée, l’avait même fortement engagée à l’accomplir. Néanmoins, Gwen, toujours loyale, reconnaissait qu’elle avait trop facilement cédé à la curiosité, à l’attrait de l’aventure, puis peut-être, en se voyant si belle dans son costume d’Hindoue, à quelque secret désir de se mêler à ces femmes élégantes, à ce monde brillant, où elle n’avait pas sa place.

En face d’elle, au-dessus du lit, un christ étendait ses bras sur la croix de chêne noirci. La petite Gwen, autrefois, faisait devant lui sa prière quotidienne. Aujourd’hui, la jeune fille s’agenouillait aussi, en un mouvement spontané, les mains jointes, crispées, elle levait les yeux et suppliait :

« Seigneur, j’ai eu tort ! Mais je suis seule… personne ne peut me donner les conseils qu’il me faudrait. Ô Dieu miséricordieux ! étendez vos mains puissantes sur une pauvre orpheline. Calmez cette âme trop vite agitée, dont les sentiments ont trop de violence… »

Oui, trop, beaucoup trop. En elle toutes les impressions se répercutaient longuement, et