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la maison appelée Coatbez. Mais elle est traitée en servante, non en parente. Mme Dourzen la fait appeler Sophie Tepnine, du nom de sa mère. En réalité, son vrai nom est Gwen Dourzen.

M. de Penanscoët eut un tressaillement si léger que son fils ne s’en aperçut pas. Dans les yeux du brahmane passa une rapide lueur.

— Dourzen ? répéta Dougual. Elle serait donc un peu notre parente ?

Le comte eut un geste affirmatif.

— Ce doit être une fille d’Armaël Dourzen, qui fut officier de marine, puis donna sa démission pour épouser une chanteuse, russe d’origine. Il mourut quelques années après à Shanghaï. Sa veuve vint habiter ici, où elle fut tenue en suspicion, car on ne connaissait rien de son origine et de son existence passée. Puis, un jour, elle fut trouvée morte, empoisonnée. Suicide, probablement. L’enfant restait seule, sans fortune. Hervé Dourzen prit sa tutelle… Et voilà, mon cher, tout ce que je sais de cette jeune personne.

— Puisqu’elle est sans famille proche et traitée en étrangère, sa disparition ne fera pas grand bruit.

— Tu veux la faire enlever ?

— Oui… et transporter à Pavala.

La lèvre du comte eut un rictus d’ironie cruelle.

— Bien, bien, cher enfant, tu es libre. Fais-