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— Vous me tirez les cheveux, Sophie ! dit aigrement Rose. Faites donc attention !… Là, encore !… Vous êtes d’une maladresse, aujourd’hui !

Mme Dourzen jeta un coup d’œil vers Gwen. Celle-ci, le visage un peu brûlant, les mains fiévreuses, tenait les yeux baissés tout en enlevant la petite veste de velours rouge qui habillait le buste de Rose.

— Elle le fait exprès, par méchanceté, dit sèchement Blanche. Naturellement, elle est furieuse que vous l’ayez fait lever… Tâche d’avoir des mouvements plus doux, mauvaise fille, si tu ne veux que je te punisse très sévèrement, comme tu le mérites si bien.

— Aïe !… Vous avez oublié d’enlever cette épingle, sotte !

L’épaule de Rose venait d’être égratignée par une épingle demeurée inaperçue dans le corselet de velours. La main de Mlle Dourzen s’étendit pour frapper le visage de Gwen. Mais des doigts fins la saisirent, l’immobilisèrent.

— Vous n’avez pas le droit de me frapper ! dit sourdement Gwen.

Et, repoussant Rose, qui faillit s’étaler sur le parquet, elle sortit de la chambre, descendit rapidement l’escalier et s’enfuit jusqu’au fond du jardin.

Là, elle s’assit sur un vieux banc de bois. Haletante, les joues en feu, elle murmura :

« Non, cela ne peut plus durer !… Cela ne peut plus durer ! »