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qu’il est accoutumé de faire ses trente-six fantaisies et de vivre parmi des Orientaux à demi esclaves. Son père est heureusement plus agréable. Quant à la comtesse…

— C’est une froide et hautaine personne, dit Mme Dourzen.

Elle venait d’apparaître au seuil de la porte qui séparait sa chambre de celle des jeunes filles. Déjà son kimono japonais en soie ramagée d’or avait été échangé contre une robe de chambre. Elle semblait lasse, et surtout fortement mécontente.

— … Oui, comme tu le dis, Laurette, il n’y a qu’Ivor de Penanscoët qui soit convenable, là-dedans. Et encore n’est-il pas d’un degré plus aimable pour nous que pour les autres. Mais ce jeune homme… ah ! c’est trop fort, cette manière d’agir !

Le ressentiment faisait trembler sa voix.

— … Il ne vous connaît même pas, vous, ses cousines ! Il n’a même pas attendu le moment où l’on devait se démasquer pour voir vos visages ! Ce n’est qu’un impertinent personnage !

— Quels magnifiques joyaux il avait ! soupira Rose. Et quel air, quelle mine ! Un vrai prince de contes orientaux !

Mme Dourzen dit rageusement :

— Oui, oui… mais je crois qu’il n’y a rien à faire ! On ne peut pas le rencontrer, il nous dédaigne ouvertement…

Ces mots passèrent avec peine entre les dents serrées par la colère.