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Alors, qu’est-ce qui l’empêchera de l’épouser ? Elle est une Dourzen, et sa cousine. Elle est pourvue de tous les dons physiques et intellectuels. Ce serait, pour lui, une femme incomparable.

Macha était habituée à voir Mlle Herminie chevaucher des chimères et n’essayait plus guère de lui opposer des vues de saine raison. Mais pourtant, cette fois, elle protesta :

— Pouvez-vous supposer, mademoiselle, qu’il prendrait pour femme une jeune personne dans la situation de Mlle Gwen… lui, un grand personnage, qui peut choisir aussi haut qu’il veut ? Non, il ne faut pas vous mettre cette idée-là dans la tête, mademoiselle !… et surtout ne pas en faire part à Mlle Gwen. C’est déjà trop qu’elle ait vu ce M. de Penanscoët, si séduisant, dit-on, et qu’il lui ait fait la cour ! Il y avait de la fièvre dans ses yeux, et je crains bien qu’elle soit longtemps à ressentir dans son imagination l’effet de cette soirée-là !

Mlle Herminie fronça les sourcils.

— Toujours craintive, Macha, toujours voyant le mauvais côté des choses ! Gwen a dix-huit ans, il est temps qu’elle apprenne un peu la vie. Elle pensera pendant quelque temps à ce jeune rajah, puis, si elle ne le revoit plus, elle l’oubliera.

Macha secoua la tête.

— Je ne crois pas que Mlle Gwen soit de celles qui oublient facilement ce qui a frappé leur imagination ou pris leur cœur !